Deux bactéries capables de résister à tous les traitements connus circulent désormais dans plus de soixante-dix pays. Parmi elles, Acinetobacter baumannii et Klebsiella pneumoniae affichent, dans certaines situations, un taux de mortalité qui dépasse la moitié des patients touchés, même sous surveillance médicale rapprochée. L’Organisation mondiale de la santé a placé plusieurs de ces agents infectieux sous le signe de l’alerte maximale. Leur diffusion ne se limite plus aux chambres d’hôpital : elle s’étend au-delà, complexifiant la riposte contre les infections bactériennes.
Superbactéries : comprendre pourquoi certaines bactéries deviennent si redoutables
Derrière le terme infections bactériennes, le constat est lourd : ces maladies ne sont dépassées en létalité que par les affections cardiaques. Les études du Global Burden of Disease, reprises dans The Lancet, avancent un chiffre effrayant : en 2019, entre 7,7 et 8,8 millions de morts sont à attribuer à ce fléau, partout sur le globe. Parfois, tout bascule en quelques heures seulement, quand survient un sepsis, cette réaction incontrôlable qui emporte l’organisme dans une spirale destructrice et provoque la défaillance d’organes multiples.
La résistance aux antibiotiques a transformé la riposte médicale en combat asymétrique. Trop d’ordonnances inutiles, des traitements massifs dans l’élevage : tout cela offre un terrain de jeu idéal à des bactéries devenues capables d’échapper à nos médicaments. L’institut Pasteur pose les mots : si rien ne vient bouleverser la tendance, le nombre de morts liés au sepsis pourrait doubler d’ici peu.
Pendant longtemps, les superbactéries restaient confinées aux hôpitaux. Ce n’est plus le cas. Elles circulent, franchissent les murs, exposant désormais aussi la population générale. Les plus vulnérables paient le prix le plus élevé : enfants, personnes âgées, toutes celles et ceux dont les défenses immunitaires sont affaiblies. L’Afrique subsaharienne en subit l’impact le plus amer, alors qu’ailleurs, capacité de soins et accès à la médecine freinent partiellement la vague.
Regardons quelques exemples concrets pour mesurer l’ampleur des dégâts :
- Antibiorésistance : plus de 1,27 million de morts causées directement par des bactéries devenues insensibles aux traitements, sur la seule année 2019.
- Le sepsis continue de faucher des centaines de milliers de vies annuellement alors que, très souvent, cela pourrait être évité.
- En France, Staphylococcus aureus et Escherichia coli restent responsables de plus de 15 000 décès recensés en 2019.
Quelles sont les bactéries les plus dangereuses pour l’homme aujourd’hui ?
Face à la menace, les autorités sanitaires surveillent certains noms de près. Staphylococcus aureus reste le fléau numéro un, liée à plus d’un million de morts en 2019 à l’échelle mondiale. Quand cette bactérie développe une résistance à la méthicilline (SARM), elle complique la tâche des soignants au sein des hôpitaux comme dans la vie quotidienne.
Vient ensuite Escherichia coli, qui peut provoquer des infections allant de la banale cystite à des complications redoutables comme le syndrome hémolytique et urémique, surtout chez les plus jeunes. Certaines formes produisent des toxines mortelles, responsables d’épisodes d’intoxications alimentaires signalés chaque année.
La liste des agents pathogènes dangereusement résistants s’allonge : Klebsiella pneumoniae, Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter baumannii, entrés tous trois dans la liste noire dressée par l’OMS pour leur capacité à déjouer les traitements les plus puissants, notamment en milieu hospitalier. Du côté des enfants de moins de cinq ans, Streptococcus pneumoniae demeure une menace : il provoque des pneumonies et des méningites à l’évolution fulgurante.
Pour mieux cerner les pathogènes toujours surveillés de près, considérons les principaux suspects :
- Salmonella spp. et Listeria monocytogenes : ces bactéries provoquent des toxi-infections alimentaires qui représentent un danger réel, surtout pour les individus à la santé fragile.
- Enterococcus faecium, Neisseria gonorrhoeae et Shigella spp. continuent d’alimenter la vigilance des autorités sanitaires.
Le constat ne faiblit pas, notamment en France, où Staphylococcus aureus et Escherichia coli continuent, année après année, de bouleverser la statistique funeste avec plus de 15 000 morts. Ce ne sont pas des chiffres lointains : l’impact des bactéries pathogènes se ressent dans tous les établissements de santé.
Antibiorésistance : un défi mondial aux conséquences alarmantes
L’antibiorésistance progresse sans relâche et déséquilibre petit à petit les mécanismes de soin. D’après le Global Burden of Disease, pour 2019, ce ne sont pas moins de 1,27 million de décès imputés à des bactéries ayant neutralisé la quasi-totalité de nos pharmacopées. L’écart frappe d’autant plus fort en Afrique subsaharienne où la mortalité liée à ces agents quadruple celle constatée en Europe ou en Amérique du Nord.
L’OMS, dans sa liste de surveillance urgente, recense douze bactéries prioritaires, dont Acinetobacter baumannii et Pseudomonas aeruginosa, toutes deux en train de perdre les dernières options thérapeutiques disponibles. Automédication, prescriptions injustifiées, usage massif en élevage : les raisons du problème sont identifiées. Résultat direct : des souches ultra-résistantes s’installent, même dans les hôpitaux bien équipés et face à certaines affections, la médecine piétine.
Compter exclusivement sur la découverte rapide de nouveaux antibiotiques ne tient plus debout : la recherche reste en retrait sur le rythme effréné des mutations bactériennes. L’avertissement lancé par l’Institut Pasteur, un doublement des décès dus au sepsis dans un horizon proche, pèse lourd. Dans les services hospitaliers, le mot d’ordre reste à la prévention, à la vigilance, toujours sous la menace d’un rebond des résistances.
Prévenir les infections bactériennes : gestes essentiels et bonnes pratiques à adopter
Face à la deuxième cause de mortalité mondiale, la prévention demeure notre meilleur rempart. Les plus âgés, les tout-petits demeurent les premières victimes. Miser sur des comportements adaptés relève alors du simple bon sens. Irréductible point d’appui : l’usage raisonné et réfléchi des antibiotiques. Pourtant, la stratégie doit être plus large.
Mesures clés pour limiter la propagation
Adopter certains gestes au quotidien réduit fortement le risque de contamination et affaiblit la circulation des bactéries :
- Se laver les mains soigneusement avant les repas, après les sanitaires, ou en rentrant de l’extérieur : ce geste simple diminue la transmission des bactéries responsables de sepsis ou d’intoxications alimentaires.
- Assurer la vaccination des plus jeunes contre le pneumocoque, le méningocoque ou Haemophilus influenzae limite le nombre et la gravité des infections rapides et sévères.
- Bien cuire les viandes, laver fruits et légumes, maintenir la chaîne du froid : des habitudes efficaces pour éviter des contaminations par Salmonella, Listeria ou Escherichia coli.
Également, résister à la tentation de prendre des antibiotiques sans prescription médicale est décisif. Automédiquer une fièvre ou un malaise, c’est courir le risque d’augmenter la résistance bactérienne. S’appuyer sur l’avis d’un professionnel permet de garder, pour ceux qui en ont vraiment besoin, des traitements qui fonctionnent.
Face à la progression continue des bactéries résistantes, la vigilance ne faiblit pas. Prévention, discernement, recherche : tout se joue dans cette alliance pour éviter que ces micro-organismes ne prennent un jour l’avantage définitif.


